Exégèse (tafsîr) de sourate Al-Ikhlâs,
le Monothéisme pur
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Dis : « Il est Allah, Unique.
Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.
Il n’a jamais engendré ni ne l’a été.
Et nul ne Lui est égal. ».
La cause de la révélation de cette sourate est que les associateurs
(ou les juifs) demandèrent au prophète صلى الله عليه وسلم de leur
décrire son Seigneur ; Allah fit alors descendre ces versets.
« Dis » : Cette parole est adressée à la fois au prophète صلى الله
عليه وسلم et à l’ensemble de la communauté.
« Il est Allah Unique », autrement dit : c’est Lui Allah dont vous
parlez et au sujet de qui vous vous interrogez, « Unique »
signifiant ici qu’Allah est Unique dans Sa Majesté et Sa Grandeur et
qu’Il n’a ni semblable ni associé.
« Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons. » Cette
phrase est indépendante [de celle qui précède]. Allah y met en
évidence qu’Il est « As-Samad », terme dont la définition la plus
globale est : « Celui qui se caractérise par la perfection de Ses
attributs et dont dépendent toutes les créatures. » Il a en effet
été rapporté qu’Ibn ‘Abbâs définit ce terme en disant : « Le Parfait
dans Sa science, dans Sa clémence,et dans Sa puissance. » Ce qui
signifie qu’Il se suffit à Lui-même et qu’Il n’a guère besoin de Ses
créatures.
On a également rapporté qu’« As-Samad » désignait « Celui vers qui
se dirigent les créatures pour la réalisation de leur vœux », ce qui
indique clairement la dépendance de toutes Ses créatures vis-à-vis
de Lui. Il apparaît dès lors que la définition la plus complète de
ce terme est bien celle qui a été mentionnée ci-dessus, à savoir : «
Celui qui se caractérise par la perfection de Ses attributs et dont
dépendent toutes les créatures. »
« Il n’a jamais engendré ni ne l’a été. », car Il n’a point de
semblable (Gloire et Pureté à Lui). En effet, comme l’a dit le
prophète صلى الله عليه وسلم à propos de sa fille Fâtima qu’il a
considérée comme « un morceau de moi », toute progéniture dérive et
fait en quelque sorte partie intégrante de son géniteur. Or, Allah (Gloire
et Pureté à Lui) ne possède guère de semblable. De plus, engendrer
un enfant s’explique soit par l’aide dont on a besoin qu’il nous
apporte en vue d’affronter les périples de ce bas monde, soit -plus
simplement- par la nécessité de préserver l’espèce. Or, Allah n’a
nullement besoin de cela. C’est donc parce qu’Il n’a point de
semblable et qu’Il Se suffit à Lui-même qu’Il n’a pas engendré.
Notons que le Coran fait également allusion au caractère impossible
de l’idée qu’Allah puisse engendrer en disant : « Comment aurait-Il
enfant alors qu’Il n’a pas de compagne ? C’est Lui qui a tout créé
et Il est Omniscient. » En effet, avoir un enfant nécessite une
compagne qui le met au monde. Or, Allah étant Celui qui a tout créé,
Il est manifestement séparé et dissocié de toute chose.
Les mots « Il n’a jamais engendré » constituent enfin un démenti à
l’adresse de trois catégories d’êtres égarés, à savoir : les
associateurs, les juifs et les chrétiens. Les premiers « firent des
anges, qui sont les serviteurs du Tout-Miséricordieux, des femelles
» en affirmant qu’ils sont les filles d’Allah. Les juifs ont quant à
eux dit que « ‘Uzayr est le fils d’Allah. », les chrétiens faisant
de même en soutenant que « le Messie est le fils d’Allah. » Allah
dément donc là leurs affirmations en disant : « Il n’a jamais
engendré ».
« il n’a pas été engendré non plus » étant donné qu’Il est Gloire et
Pureté à Lui Le Premier à qui rien n’a précédé, comment peut-il donc
être engendré.
« Et nul ne Lui est égal. », autrement dit : rien ne Lui est égal
dans Ses attributs.
Allah dément donc dans cette sourate la possibilité qu’Il ait pu
engendrer ou être engendré et l’idée qu’Il puisse avoir un semblable.
Cette sourate possède un énorme mérite, puisque le prophète صلى الله
عليه وسلم dit à son propos qu’« elle équivaut au tiers du Coran. »
Et [précisons bien ici] qu’elle « équivaut » au tiers du Coran mais
qu’elle ne le « remplace » pas. La preuve en est que si une personne
se contente, lors d’une prière obligatoire, de la réciter trois fois,
cela ne remplace pas la récitation de la « Fâtiha », bien que les
trois récitations successives de cette sourate équivaillent à celle
de la totalité du Coran. Il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant au fait
qu’une chose puisse être équivalente à une autre sans s’y substituer.
Le prophète صلى الله عليه وسلم nous a en effet enseigné que « la
parole de celui qui dit : Nulle divinité n’est digne d’être adorée
en dehors d’Allah, L’Unique, sans associé. A Lui la royauté et la
louange, et Il est Puissant sur toute chose. » équivaut à
l’affranchissement de quatre personnes de la descendance d’Ismâ‘îl.
» Or, se contenter de réciter cette formule de rappel pour expier un
péché nécessitant l’affranchissement d’un esclave ne saurait suffire
et se substituer à l’acte d’affranchissement proprement dit. Ce qui
montre bien que l’équivalence entre deux choses n’entraîne pas
forcément que l’une puisse remplacer l’autre.
Notons enfin que le Messager d’Allah صلى الله عليه وسلم avait pour
coutume de réciter cette sourate dans la seconde Rak‘at de la prière
surérogatoire de l’Aube (Sunnatu-l-Fajr), de la prière surérogatoire
du Coucher (Al Maghrib), dans celle du Tawâf ainsi que dans le Witr.
Ce qui s’explique par le fait qu’elle est basée sur le dévouement
total à Allah, terme dont elle tire d’ailleurs son nom : « Al Ikhlâs
».
Post-Scriptum :
Source : Site de Cheikh Ibn ’Uthaymîne, rahimahou Allah.
Traduction : Abû Hafsa