Ce qui est interdit et
détestable pour le jeûneur (Shaikh Salih al-Fawzan)
Toutes les louanges sont à Allah pour Ses Faveurs et Sa bonté. Il
nous a favorisés en nous permettant d’atteindre le mois de Ramadhân
et nous a renforcés par les bonnes œuvres qui nous rapprochent de
Lui. Que la paix et le salut soient sur notre Prophète Muhammad, sur
sa famille et ses Compagnons, et ceux qui ont suivi sa guidée et se
sont accrochés à sa Sunnah jusqu’au Jour Dernier…
Ensuite, sachez qu’il y a un comportement à adopter pour le jeûne
afin qu’il soit accompli de la manière prescrite et que l’on en tire
des bienfaits, que l’on atteigne l’objectif de Ramadhân et que l’on
ne le trouve pas éreintant et sans bénéfice. Comme l’a dit le
Prophète صلى الله عليه وسلم : « Il se peut qu’un jeûneur ne tire
aucun profit de son jeûne si ce n’est la faim et la soif. » Le jeûne
ne consiste pas uniquement à arrêter de boire et manger, mais c’est
aussi délaisser ce qui ne convient pas comme paroles et actes
prohibées ou détestables.
Un des Salafs a dit : « Le plus facile dans le jeûne est d’arrêter
de boire et de manger. » Cela, car le rapprochement avec Allah ne
peut être complet en délaissant des désirs autorisés, qu’avec
l’abandon de ce qu’a interdit Allah en toutes circonstances. Même
s’il est obligatoire au musulman de délaisser les interdits en tous
temps, cela est d’autant plus obligatoire en période de jeûne. Donc
celui qui accomplit un interdit en dehors des périodes de jeûne, il
est pécheur et mérite le châtiment, mais si cela se passe durant le
jeûne, en plus d’être pécheur et de mériter le châtiment, cela
affecte son jeûne en le diminuant ou l’annulant.
Le véritable jeûneur est celui dont l’ estomac jeûne [en étant privé]
de boire et de manger, dont les membres jeûnent [en les empêchant]
de pécher, dont la langue jeûne [en la retenant] de prononcer des
paroles mauvaises et vaines, dont les oreilles jeûnent [en les
empêchant] d’écouter des chansons, des instruments de musique, des
paroles médisantes et calomnieuses, et dont les yeux jeûnent [en les
privant] de regarder ce qui est interdit.
Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit : « Celui qui ne délaisse pas
le mensonge et sa mise en pratique, Allah n’a pas besoin qu’il se
prive de manger et de boire. » [Al-Bukhari]
Il est obligatoire au jeûneur de s’abstenir de médire, calomnier et
d’insulter les autres, selon ce qu’ont rapporté les deux Shaikh (Al-Bukhari
et Muslim) de Abu Hurayrah (رضي الله عنه) qui rapporte du Prophète
صلى الله عليه وسلم : « Que celui qui a l’intention de jeûner un
jour, ne dise pas d’obscénités et ne soit pas ignorant. Si quelqu’un
l’injurie ou l’attaque, qu’il répète : "Je suis en jeûne". »
Et dans les deux Sahih, Abu Hurayrah rapporte un hadith marfu’ (qui
remonte jusqu’au Prophète صلى الله عليه وسلم : « Le jeûne est un
bouclier, que celui qui a l’intention de jeûner un jour, ne dise pas
de grossièretés et ne soit pas ignorant. Si quelqu’un l’insulte,
qu’il dise ‘Je suis en jeûne’. »
Le terme ‘Al-Junnah’ (bouclier) est ce qui protège et empêche l’arme
de l’ennemi de atteindre celui qui le porte et le blesser.
Le jeûne protège donc la personne de tomber dans les péchés dont la
récompense est le châtiment dans ce monde et l’au-delà. Le terme «
rafath » englobe les paroles grossières et mauvaises. L’imam Ahmad
et d’autres rapportent un hadith remontant au Prophète صلى الله عليه
وسلم : « Le jeûne est un bouclier tant qu’il n’est pas percé. » On
lui demanda : « Comment peut-il être percé ? » Il répondit : « Par
le mensonge et la médisance. »
C’est une preuve que la médisance fissure le jeûne, ou qu’elle
l’affecte. Et si le bouclier est percé, il n’est plus d’aucune
utilité pour celui qui l’utilise. De même que le jeûne lorsqu’il est
fissuré, il n’y a plus de bénéfice pour celui qui l’accomplit.
La médisance : comme l’a expliqué le Prophète صلى الله عليه وسلم,
c’est dire de ton frère ce qu’il n’aime pas. Il a été rapporté dans
le Musnad Ahmad, que la médisance annule le jeûne : « Deux femmes
jeûnaient au temps du Prophète صلى الله عليه وسلم et elles ont
failli mourir de soif. Ceci fut rapporté au Prophète صلى الله عليه
وسلم, mais il refusa [de leur permettre de rompre le jeûne]. Puis on
lui mentionna ces deux femmes de nouveau, et il les fit appeler et
leur ordonna de vomir, c’est-à-dire de vider leur estomac. Elles ont
vomi et ont rempli un bol de pus, de sang purulent et des morceaux
de chair. Alors le Prophète صلى الله عليه وسلم dit : « Ces deux
femmes se sont privées de ce qu’Allah leur a autorisé, mais elles
ont annulé leur jeûne en faisant ce qu’Allah a rendu illicite pour
elles. L’une d’entre elles s’est assise avec l’autre et elles se
sont mises à manger de la chair des gens. »
Ce qui s’est passé avec ces deux femmes en présence du Prophète صلى
الله عليه وسلم lorsqu’elles ont vomi ces choses affreuses et
détestables, cela fait partie des miracles qui se sont produits dans
la main du Prophète صلى الله عليه وسلم pour montrer aux gens les
effets néfastes de la médisance. Et Allah a dit :
« et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il
manger la chair de son frère mort ? » [1]
Ce hadith montre donc que la médisance annule le jeûne, mais c’est
une annulation au sens figuré, c’est-à-dire que cela annule la
récompense du jeûne.
Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur notre Prophète
Muhammad, sa famille et ses Compagnons.
Post-Scriptum :
Ittihaaf Ahlil-Imaan bi Duroos Shahri Ramadaan de Shaikh Salih al-Fawzân
Traduit à partir de Al-Ibaanah.com et du texte en arabe sur
www.alfuzan.net